Comment peut-on passer en quelques heures d'un état exaltant à déprimant. Vendredi 29 novembre lors de la Soirée prestigieuse des champions à l'Assemblée Nationale, avec un coup de pouce de Franck Riester pour accéder à cet endroit majestueux et honorifique pour la soixante de champions représentés, le spectacle a été non seulement dans la salle mais surtout sur scène où chacun a pu s'exprimer. Un moment de joie, de reconnaissance, de partage et de bienveillance. Du plus jeune au plus âgé, tout n'a été que respect pour remercier la Ligue d'un tel moment de bonheur et aussi de fierté pour les parents et éducateurs. Un moment magique qui donne sa pleine mesure dans l'engagement humain.
Douze heures plus tard, samedi 30 novembre à 9h, la jeunesse sportive est restée dormir et place aux adultes pour l'assemblée générale qui restera certainement longtemps comme une véritable purge à avaler. Certes, il faut toujours s'adapter au réel mais le combat a été rude à OK Koral, les flingues de sorties, les articles de lois dégainés, et le feu vif attisé par le groupe d'opposants à l'équipe en place dont le président Bruno Hennebelle a été une cible visée de longue date dans une tactique digne d'une stratégie d'échecs pour avancer des pions sur un échiquier où seule la mise en échec pouvait s'apparenter à une mise à mort. Une corrida où le sang froid n'a pas toujours été de mise avec des allures policées dignes des anciens hommes politiques avertis combattant dans l'hémicycle. Soyons francs, une guerre de tranchée d'arrière garde pour couper une tête.
De l'exemple fabuleux donné par les champions la veille où l'humanisme a éclaté d'une jouissance salvatrice, on est passé à une joute sans foi ni loi pour grimper sur le fauteuil de chef. A fleurets mouchetés puis au bazooka soigneusement gardé en réserve, les grands enfants blessés génèrent bien souvent des grands guerriers. La tête de Bruno Hennebelle a fini par tomber dans une sorte de réaction moutonnière. Les mousquetaires de l'opposition ont donc gagné la première manche.
Restait le vote et là, miracle de l'intelligence, malgré une campagne virulente, les électeurs, bulletin en main ont fait en fonction de ce qu'ils avaient compris en ne doutant pas de leurs capacités de réflexion.
(Marc Bellitto le nouveau président de la Ligue Île-de-France sport adapté)
La vapeur s'est inversée et la liste "Hennebelle" a raflé sans aucune contestation les 13 premières places avec une mention particulière pour Jean-Pierre Duluc le fidèle doyen en tête de ce hit-parade de la reconnaissance devant Aubin Villain et Anne-Sophie Derogy. Restait à élire le nouveau président sous l'œil serein de Bruno Hennebelle fidèle à la Ligue depuis 22 ans :" Mon but et il n'y a pas d'ambiguïté était que la Ligue continue sur notre voie tracée en préservant toute velléité politique et parfois il ne faut pas dépenser de l'énergie pour des choses qui n'ont pas d'intérêt". Un petit tacle bien senti sur les chevilles d'adversaires qui, dès les résultats connus et la défaite lourde de sens ont battu en retraite. Laissons toutefois le bénéfice du doute sur cette fuite des cerveaux car l'AG a duré 6 heures. certainement un record que certains auraient bien voulu laisser à d'autres associations. Il n'y a pas de bonheur sans choix et celui-ci s'est porté tout naturellement sur Marc Bellitto qui a pris le relais pour conduire le navire sur des flots peut-être plus apaisés. En tout cas l'équipage, même sorti "rincé de la longueur des débats va faire corps avec son capitaine.
Il serait malveillant de ne pas saluer le travail effectué pendant plus de deux décennies par Bruno Hennebelle, visiblement usé par des attaques incessantes :" Moi, j'aime avant tout partager et je ne supporte ni l'agressivité ni la méchanceté. Je suis content de ce choix mais j'ai beaucoup donné et je ne peut remercier ma femme et mes enfants qui ont certainement souffert de mes 15 heures par semaine minimum à me mettre au services des autres mais qui m'ont permis de me consacrer à cette véritable passion pour le sport adapté" Mercredi 4 décembre Bruno fêtera ses 50 ans mais cela fait quelques années qu'il était déjà rentré dans le Top 50 des grands dirigeants sportifs.
Place au travail, à la nouvelle équipe enrichie de jeunes qui vont s'investir. La Ligue en la présence de la nouvelle directrice Julie Ruel et Alexandre Pereira ont déjà apporté une dynamique nouvelle. Reste à transformer l'essai pour le plaisir de tous à commencer par les champions sportifs qui eux aussi ont fêté dignement leur sacrée "Soirée".
Pascal Pioppi